Test Metal Gear Solid V : Ground Zeroes : petit tour en prison

Testé à partir d’une Version commerciale française par Nicolas Tarier, le 1 avril 2014

Près de quatre ans après la sortie de Metal Gear Solid : Peace Walker sur PSP, Snake est enfin de retour sur consoles. Un retour attendu par des millions de fans mais qui aura mis du temps à se dessiner de manière précise, Hideo Kojima n’ayant eu de cesse de brouiller les pistes avant de confirmer en 2013 la subdivision de ce cinquième opus en deux parties : Ground Zeroes (le prologue) et The Phantom Pain (le coeur de l’histoire). Ouvertement critiqué avant même sa sortie par de nombreux joueurs ne voyant en ce prologue qu’une démo du jeu final déguisée, Ground Zeroes vaut-il l’investissement ?

Prison Break sauce Guerre Froide

Lorsque l’on obtient de son gouvernement le titre de BIG BOSS, on pourrait croire que la belle vie nous attend. Malheureusement pour l’ami Snake, c’est plutôt les mauvaises nouvelles qui se succèdent. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) suspecte son organisation, Militaires Sans Frontières, de disposer de l’arme nucléaire. Une inspection de la Mother Base est prévue dans quelques heures mais Snake n’a pourtant pas d’autres choix que de partir en mission sur le champ. En effet, des informations lui sont parvenues et celles-ci indiquent que Paz, l’agent infiltrée dans sa Mother Base lors des événements de Peace Walker, est toujours en vie. Pire encore, elle serait actuellement interrogée dans d’atroces conditions au sein d’une prison secrète américaine à la pointe sud de Cuba. De plus, Chico, enfant-soldat recueilli par Big Boss, s’est aussi fait capturer en tentant seul d’aller sauver Paz. Notre héros étant fan de cigares cubains et surtout ne souhaitant aucunement que des informations top secrètes ne soient révélées sur son QG est donc dans l’obligation de sauver les détenus.

Pour les nouveaux venus dans l’univers ou pour les habitués de la série n’ayant pas eu l’occasion de jouer au dernier épisode PSP, Konami a eu la bonne idée d’intégrer un bref récapitulatif des événements de Peace Walker. De plus, vous pourrez récupérer au fil du jeu de nombreuses cassettes audio qui devraient être suffisantes pour bien cerner la place de Ground Zeroes dans l’histoire globale commencée par Metal Gear Solid 3 : Snake Eater. Comme on pouvait toutefois s’y attendre, ce prologue n’apporte que quelques réponses, les principaux développement scénaristiques devant avoir lieu dans The Phantom Pain. Néanmoins l’objectif de mettre l’eau à la bouche est parfaitement rempli, la fin de cette première partie étant à la fois explosive, intéressante et énigmatique.

Test de Metal Gear Solid V : Ground Zeroes

Vous reprendrez bien un peu de serpent ?

Ground Zeroes était attendu au tournant sur plusieurs points et parmi ceux-ci figure l’évolution de son gameplay et son adaptation à un open-world. La surface de jeu ouverte ne se limite ici qu’à une prison mais cela est suffisant pour laisser entrevoir quelques belles promesses. L’interface du jeu tout d’abord a été remaniée dans le bon sens, elle est plus intuitive. La map est accessible à tout moment et fournit de nombreuses informations. Ceux ayant leur tablette ou portable à portée de main pourront d’ailleurs s’en servir pour afficher la map (après avoir au préalable téléchargé une application). Dans son gameplay à proprement parler, le joueur gagne considérablement en liberté puisqu’il peut utiliser n’importe quel chemin pour accéder à ses objectifs. Et si le but est bien évidemment de rester discret, il est tout à fait possible de voler un camion et de rouler à vive allure, mettant au passage toutes les unités en alerte. Snake a quant à lui gagné quelques mouvements lui permettant de sauter par dessus davantage d’obstacles qu’à l’accoutumée.

L’IA des ennemis a progressé même si elle reste à parfaire. Leur champ de vision bien plus étendu qu’auparavant complique la tâche à ceux qui pensaient pouvoir courir à découvert à 20 mètres des gardes. Il faudra bien observer leurs rondes et l’incessant va-et-vient des projecteurs qui balayent la zone (vous aveuglant considérablement au passage). L’intelligence artificielle sait aussi utiliser les éléments du décor pour se mettre à couvert et pour vous contourner. Mais lorsqu’elle est surprise son comportement peut devenir incohérent. Un exemple récurrent de la série demeure hélas le garde se retournant et courant vers une planque en vous offrant tout le loisir de lui tirer dans le dos pendant son déplacement. Quelques bugs techniques sont aussi à déplorer et vous aurez peut-être l’occasion de voir un garde glisser soudain sur le sol sur cinq mètres. Malgré cela l’expérience globale est très plaisante et immersive. Elle offre plus de liberté qu’auparavant. Quelques ajouts attestent bien d’une volonté de diversifier le gameplay comme la possibilité d’appeler son hélicoptère en renfort en cas de situation critique.

Test de Metal Gear Solid V : Ground Zeroes

I’m singing in the rain…

Intéressant à jouer, Ground Zeroes l’est-il tout autant à regarder ? Le FOX Engine affiche de belles promesses mais on retrouve ici quelques limitations inhérentes aux jeux cross-gen. La modélisation des personnages est superbe, les éclairages et la pluie sont bien rendus et quelques textures affichent une finesse qui fait plaisir à voir. Mais d’autres en revanche sont plus grossières, surtout évidemment lorsqu’on les voit de près. Et quand on s’allonge dans l’herbe ou que l’on se plaque contre un mur, il est évident qu’on les voit régulièrement de près ! Le titre est tout de même assez impressionnant dans ses cuts-scenes. Le FOX Engine semble s’y exprimer pleinement et offre plus de détails et effets visuels que dans les phases jouables. Et pour ne rien gâcher, la mise en scène est de haut niveau. Comme d’habitude serait-on tenté de dire.

Et quand on parle de la mise en scène, on en vient aussi à évoquer l’aspect sonore du jeu. Pour la bande-son pas de surprise, Harry Gregson Williams a comme d’habitude fait du bon travail. Pour les doublages, c’est là aussi irréprochable. Les fans de 24 pourraient cependant avoir besoin d’un petit temps d’adaptation avant de ne plus percevoir Jack Bauer à travers Naked Snake.

Test de Metal Gear Solid V : Ground Zeroes

Et donc la durée de vie ?

Le moment de ce test où il est question d’élucider le problème de la durée de vie est donc arrivé. Il est vrai que pourrez finir la mission principale en une à deux heures lors de votre première partie. Mais une fois celle-ci finie, vous débloquez cinq missions annexes, dont une exclusive aux consoles Sony qui devrait faire plaisir aux fans de la première heure. Chaque mission annexe vous prendra entre 20 et 30 minutes à compléter. Elles sont majoritairement de jour donc vous permettent de découvrir la prison autrement, selon d’autres approches. Si elles ne font pas avancer le scénario, elles donnent la possibilité de débloquer des cassettes audio, des armes et le mode de difficulté Difficile. Si vous souhaitez simplement finir toutes les missions du jeu, effectivement Ground Zeroes ne devrait pas vous retenir plus de quatre heures. Mais si vous êtes un amateur de scoring ou un joueur curieux souhaitant profiter de l’excellente rejouabilité du titre, la durée de vie peut rapidement doubler. A l’heure de passer à la caisse il faudra donc vous demander quel type de joueur vous êtes. Investissez si vous souhaitez vous y investir, serait-on tenté de dire. Quoi qu’il en soit, si vous êtes un fan de la série, il sera bien difficile de résister à l’appel de Snake.

7
Sympa

Metal Gear Solid : Ground Zeroes est un prologue solide qui donne réellement envie de jouer à The Phantom Pain. En cela l’objectif est réussi. L’open-world affiche de belles promesses en terme de liberté et donc de rejouabilité. De son côté le FOX Engine s’en tire plutôt bien malgré un nivellement par le bas lié à un développement cross-gen. Les fans de la série retrouveront donc avec un plaisir certains Big Boss. Les autres découvriront un titre qui, à défaut d’être révolutionnaire ou de faire l’unanimité au niveau de sa durée de vie, demeure une référence du genre.

Points forts
  • Snake est de retour !
  • Une liberté d’action intéressante
  • Une mise en scène de qualité
  • Kiefer Sutherland convaincant en Big Boss
  • Visuellement très correct
  • Une bonne rejouabilité…
Points faibles
  • … masquant une durée de vie trop courte
  • Quelques textures décevantes
  • Encore quelques petits bugs d’IA
  • Cher si l’on se contente de la mission principale